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Un atelier d'inter-écritures de Matière à mots / PROJET CLOTURE - Page 5

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    hors incitation

    Dans ce monde, pas de frontières, juste celles du langage, ses limites,

    Dehors, se heurter aux autres, se frotter à leurs exigences, leurs attentes, leurs caractères,

    Dans ce monde, modeler des personnages, leur inventer des vies, les laisser se détacher, se laisser emporter,

    Dehors, regarder le réveil, penser à remplir le réfrigérateur, aller chercher les enfants à l'école, mettre de l'essence dans le réservoir,

    Dans ce monde, se servir de ces expériences là, de ces émotions là, de ces frustrations là, et s'immerger à se perdre, descendre, s'enfoncer dans le souterrain de la mémoire,
    y puiser, s'y nourrir et créer, un peu, pour voir, les parfums, les goûts, les sentiments, des évènements, des couleurs, des histoires bien sûr, une histoire

    "Les abeilles bourdonnaient au-dessus des minuscules trous du sentier de la lande
    Tu fabriquais des maisons en cartons,
    Nous  remplissions la dînette de feuilles de buis et de monnaie du pape,
    le soleil exacerbait les parfums des genêts ,
    nous avions un coin secret de mousse auprès de la rivière fraîche
    Les vieilles femmes prisaient à la messe
    et Jean-Marie laissait ses sabots de bois dans le couloir,
    avant d'extirper des poches de son pantalon serré dans une ceinture de flanelle,
    quelques oeufs frais de son poulailler"

    Dans ce monde, échapper à l'autre, en fait, oublier les moments de solitude, ou les cris, ou le sentiment de médiocrité, ou le silence, ou l'absence, ou quoi que ce soit qui agite la vie, ou simplement adorer les histoires, les mots, faire vivre quelque chose, emmener quelque part, ne pas toujours savoir,

    "L'air de rien, avec son petit sourire en coin qui cachait tant de drames, elles faisait surgir de la terre des visages plein de mélancolie, souriant pour eux-mêmes, tournés vers l'intérieur, et taisait ainsi tout  ce qui écumait en elle"

    Puis un jour, y faire entrer les autres,
    partager, recevoir
    le laisser s'échapper, le faire entrer dans l'autre,
    revenir au monde ainsi

    "Les vieilles pierres chauffaient au soleil, en silence,
    les fougères se balançaient le long des fossés
    les femmes lavaient encore leur linge au lavoir parfois
    avec de grands battoirs de bois, du savon de Marseille,
    mais elle, n'allait jamais au lavoir, ne sortait jamais de chez elle,
    son linge, elle le faisait bouillir dans la lessiveuse, et frottait à la brosse à chiendent,
    l'odeur du savon  moussant dans l'eau bouillante, emplissait la cuisine, qui servait aussi de chambre."

    Des mondes se croisent, des vies se vivent en parallèles, sans jamais se soupçonner l'une l'autre,

    "Il fume des cigarettes, ne regarde pas ses mains calleuses  et grises,
    il boit un café, oublie un morceau de sucre sur la table, au milieu des miettes,
    la radio diffuse des airs de blues et dehors le vent secoue les branches chargées des pommiers"

    Des mondes se côtoient, dedans, dehors, ici, ailleurs,
    Des mondes s'entremêlent et s'entrecroisent, s'ignorent ou se dédaignent
    Ecrire c'est tisser le lien, toucher l'autre, même sans le connaître,
    Et lire, se reconnaître dans une phrase, partager une émotion qu'on n'aurait pas su nommer
    trouver un récit familier, comme une veste en laine longtemps portée, qui a fini par pocher aux coudes, avec ce petit trou juste là près de la boutonnière,
    Un chant commun sans nom, un chant commun

    Marie Evin

     

    hors incitation

    Dedans, dehors. C'est l'entre-deux, leur rapport, qui va les définir. L'un n'existe pas sans l'autre. Les variations sont possibles entre ces deux états, mais attention de ne pas y rester bloquer. Être dedans, se sentir au sein d'un discussion, d'un groupe, être en relation directe avec les choses, cela consiste à ressentir les choses, être en lien sensible avec elles. Notre SENSITIF est en éveil. Lorsque l'on ouvre la porte, on se positionne à l'extérieur des choses  " Tous les sentiments et pensées sont projetées sur l'écran de la conscience claire pour y être observés et compris"  (Krishnamurti), alors commence une histoire avec la personne, le contexte, la chose, nous la comprenons à notre manière, nous essayons de la comprendre, une distance se créée entre la chose et nous. Le CÉRÉBRAL est en éveil, le sensitif disparait. Et ci ce goût pour la compréhension des choses nous plaît plutôt que de nous effrayer, nous allons chercher à la nourrir, puis il nous nourrira: la soif non d'apprendre mais de comprendre. Et nous perdrons la clé pour rouvrir la porte du dedans, le sensitif.

    Se sentir dehors, se sentir dedans, c'est aussi varier les plaisirs (une fois que vous possédez la clé pour passer d'un état à l'autre).

    Marion Croze