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Camille R

Hors incitation

Tous les jours, Marina s'asseyait une heure ou deux sur le bord de sa fenêtre et regardait à quelques mètres de là les trains passer, à vive allure ou au ralenti, toujours bruyants, faisant sonner leur alarme ou freinant d'un cri aigu. Pour Marina, ce qui rendait un train si fascinant et si puissant, plus que sa masse, sa vitesse et son tapage, c'était sa linéarité. En effet, que ce soit dans sa forme ou dans sa course, un train sait ou il va, il est droit, il ne flanche pas. Assurance, rutilance. Comme si la machine avait une vie à elle seule, totalement dissociable de son conducteur et de ses passagers. Loin de sa situation à elle, elle que sa mère sur-protégeait, que les problèmes d'argent submergeaient, sans compter le désespoir de ses amours...

Elle se mettait alors à penser qu'un jour elle monterait dedans, dans une de ces machines et en acquérrait la force. Ses soucis, hésitations, frustrations s'évanouiraient alors, elle se sentirait enfin en phase avec elle-même. Peu importe la destination, ce qui compte, c'est le voyage, l'instant où l'on pose sa valise dans la soute comme le symbole d'une rupture.

Mais son imagination n'était-elle pas trop grande? Ce lieu lui amènerait-elle réellement la libération tant espérée? Oui, il ne pouvait en être autrement.

Aujourd'hui, Marina, valise en main, attend sur le quai de la gare.

16/09/10

 

Hors incitation

Le jardin


Familier,
boisé,
beau.

Sauvagerie apprivoisée,
hostilité maîtrisée,
la nature en enclos.

L'intimité que désire le coeur
dans un chez soi en extérieur.

06/10/2010

 

En lien avec incitation (n° 18, derrière la vitre)

En mouvement. Pourtant passif. Cette voiture qui roule n'est pas seulement une voiture, elle symbolise ma vie : je ne suis qu'un passager, inactif, qui se laisse porter avec fatalité par un courant à vous donner le mal de mer. Je progresse mais je reste inerte. On ne m'a pas appris comment prendre le contrôle. Alors je me contente d'observer. La vie. A travers une vitre. Comme si je n'en faisais pas partie.

Le monde s'agite sous mes yeux embuées de larmes d'angoisse. J'ai peur, car tout va trop vite. J'ai peur, car je me sens différent. J'ai peur de ne pas être à la hauteur.

La voiture roule et toujours le paysage défile au-dehors. Ne s'arrêtera-t-elle donc jamais ?

Quelques moments de distraction, un dessin du bout des doigts sur la paroie humide, un titre entrainant à la radio. Mais l'implacable machine continue sa route sans même que l'on s'en aperçoive.

Ne s'arrêtera-t-elle donc jamais?

Derrière ma vitre je contemple la vie qui passe. Et la mienne ? Pour en avoir le contrôle un instant, donner un coup de volant fatal.

23/11/2011

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