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    en lien avec incitation (n°21, dedans-dehors)

    La pluie rebondit sur l'asphalte
    L'horloge égrène midi
    Ma main glisse caresse tes cheveux
    Demain tu seras là aussi

    Marie Evin

     

    En lien avec incitation (n°14, autour de reproductions d'Edward Hooper)

     

     

    index.jpgTu t'es assise sur le lit refait

    Tes bagages attendaient dans un coin de la chambre

    Ton dos était baigné de lumière

    Tu n'as pas voulu t'habiller ce matin là

    Tes pieds effleuraient un tapis vert marais

    Tes mains pendaient sur tes genous

    Marie Evin

     

    En lien avec incitation (n°13, franchir la frontière)

     

    Là, le flot a grossi, les remous rugissent avec fracas.

    De ce côté de la rive, l'herbe est grasse, et les pas font un bruit feutré et doux, laissant une empreinte éphèmère, le temps que les herbes drues se déploient à nouveau.

    De l'autre côté, des branches mortes roulent sur des galets, polis par le courant, gris, blancs, veinés de noir, glissants , s'entrechoquant sans cesse.

    Là, le flot mugissant interdit le passage. Il charrie quelques troncs arrachés à la forêt, de l'écume opaque, éclaboussant avec force le téméraire hésitant sur le bord.

    De ce côté, sous  le clair-obscur d'un petit bois, les bêtes se rassemblent et viennent boire.

    Là-bas, au delà des meurtrissures des  rocs éboulés, un chemin s'étire vers la vallée, jusqu'au village. Il faut passer, la nuit va venir, et le froid mordant de l'hiver. Il faut franchir ce torrent en folie, ces eaux glaciales, se mordant furieusement. 

    Marie Evin

     

     

    En lien avec incitation (n°4, rampe de lancement)

    "Alors j'ai vu vraiment le monde basculer en lui-même, se dissoudre à l'intérieur d'un dedans très sinistre, qui avalait tout en lui"...

    C'est comme si la vie avait déserté son corps. Son regard traversait les gens sans les voir et en même temps déversait un effroyable désarroi. Ses lèvres serrées se refermaient sur une colère froide et dure. Un tic agitait sa paupière au dessus de ses joues devenues grises. Dévasté, il gisait dans ce vieux fauteuil de cuir, soudain lourd et sans âge. Et ce que je redoutais le plus, finalement, c'était le moment où il sortirait de cette torpeur vertigineuse, pour affronter à nouveau le monde, car quelque chose en lui avait été avalé et détruit.

    Marie Evin

     

    En lien avec incitation (n°5, une situation fictionnelle)

     

    « An 2187 / Dépêche de la Gouvernance globale / Pour application immédiate / La disparition du dedans /dehors est officiellement confirmée. »

     « Par ordre de l'Omnipotent et pour mettre en conformité les pratiques constatées depuis 14 lunes, afin de vocabuler le grand chambardement spermatique initié par lesdites pratiques, ordonnons l'effacement immédiat et irrévocable du dedans et du dehors. Ordonnons le grand mélange obligatoire des nations pour  brassage linguistique et maillage des souvenirs, tissage des rêves et grand ormaillage des sensations, le détricotage insertif des barbelations incisives et l'abolition des sexes, des âges, du temps et de ses repères. »

    Cette décision, qui ne visait qu'à réprimer le chaos engendré par des pratiques issues de la rue et à reprendre le contrôle de la population, ne trompa personne. L'abolition du dedans et du dehors était une réalité depuis déjà des lunes et la Gouvernance globale ne faisait que retarder le moment où son pouvoir fantoche sombrerait à son tour dans le grand estomac affamé de  l'oubli. Les peuples se métissaient, les langages se fracassaient les uns contre les autres jusqu'à n'en devenir plus qu'un, riche et puissant, repoussant les limites des signifiants, enrichissant  les capacités de compréhension et d'expression  d'un peuple en pleine mutation. La palette permettant d'exprimer les subtilités de la pensée devenait si large qu'elle ouvrait de nouvelles voies exploratoires et les possibles généraient sans cesse d'autres possibles. L'enchevêtrement des liens et de ces nouvelles connexions se nourrissait et s'engendrait perpétuellement. Une demi-lune suffit à éteindre la prétention de l'Omnipotent à légiférer encore sur le phénomène.

    Marie Evin