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    Hors incitation

    Tous les jours, Marina s'asseyait une heure ou deux sur le bord de sa fenêtre et regardait à quelques mètres de là les trains passer, à vive allure ou au ralenti, toujours bruyants, faisant sonner leur alarme ou freinant d'un cri aigu. Pour Marina, ce qui rendait un train si fascinant et si puissant, plus que sa masse, sa vitesse et son tapage, c'était sa linéarité. En effet, que ce soit dans sa forme ou dans sa course, un train sait ou il va, il est droit, il ne flanche pas. Assurance, rutilance. Comme si la machine avait une vie à elle seule, totalement dissociable de son conducteur et de ses passagers. Loin de sa situation à elle, elle que sa mère sur-protégeait, que les problèmes d'argent submergeaient, sans compter le désespoir de ses amours...

    Elle se mettait alors à penser qu'un jour elle monterait dedans, dans une de ces machines et en acquérrait la force. Ses soucis, hésitations, frustrations s'évanouiraient alors, elle se sentirait enfin en phase avec elle-même. Peu importe la destination, ce qui compte, c'est le voyage, l'instant où l'on pose sa valise dans la soute comme le symbole d'une rupture.

    Mais son imagination n'était-elle pas trop grande? Ce lieu lui amènerait-elle réellement la libération tant espérée? Oui, il ne pouvait en être autrement.

    Aujourd'hui, Marina, valise en main, attend sur le quai de la gare.

    Camille Riallot